Territoriales 2021 : Tour d’horizon

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Les candidats en lice pour les élections Territoriales corses de juin 2021 reflètent un visage du monde politique insulaire très différent de celui de 2017, bien au-delà des Nationalistes qui partent en ordre dispersé. Tour d’horizon.

Dix listes ont à ce jour annoncé leur participation aux prochaines élections, qui auront lieu le 20 et le 27 juin. Quatre d’entre elles sont Nationalistes ! Un fait qui témoigne de l’importance de ce courant en Corse autant que de son actuelle division, par rapport à 2017. 

Si cette situation consterne et inquiète bien des militants, difficile d’imaginer qu’elle puisse remettre en cause la place centrale de cette mouvance à l’Assemblée de Corse, vu l’importance de sa représentation et l’engouement qu’elle suscite, bien au-delà des sphères nationalistes historiques.


« Core in fronte » et « Avanzemu »

La première liste nationaliste à avoir été présentée au grand complet est celle de Core in Fronte, conduite par Paul Félix Benedetti. Elle s’appelle « Da per noi » … C’est «Avanzemu!» que Jean Christophe Angelini a choisi comme nom pour sa liste, dont il a présenté à Portivechju une partie des colistiers et le programme. Les deux Présidents de l’Assemblée de Corse n’ont pas encore dévoilé les leurs, mais cela ne saurait tarder.

« Un « nouveau souffle » pour Marcangeli ?

Contrairement aux Nationalistes, la droite s’est au contraire réunifiée, sous la bannière de Laurent Marcangeli, qui brigue aussi les suffrages des électeurs du centre, autrefois attirés en partie par le « vieux » Radicalisme corse, qui n’est plus en lice depuis 2017 aux Territoriales suite à l’implosion du « Clan de gauche ».

Le ralliement semblant en cours de François Tatti, Président du Mouvement Corse Démocrate (MCD), à Marcangeli, paraît confirmer l’élargissement possible d’une influence du maire d’Aiacciu dans des sphères centristes de Haute-Corse, suite à l’effondrement de l’ancien clan radical.

A la gauche de ce champ, Laurent Marcangeli est concurrencé par le représentant de la République en Marche, Jean-Charles Orsucci. Le maire de Bunifaziu tente d’attirer des personnalités allant du Centre aux Socialistes, mais la partie est plus rude pour lui qu’il n’aurait pu le sembler. Les Nationalistes chassent en effet eux aussi sur ce terrain-là, et sur plusieurs autres d’ailleurs, et ils ont plus de pouvoir et de réseaux d’influence que lui. Certains de ses colistiers eux-mêmes ont rejoint les rangs nationalistes – ou ceux de Marcangell

RN et Forza Nova

A l’extrême droite, deux listes ont fait leur apparition : celle de François Filoni, qui a reçu l’investiture du RN et Forza Nova, menée par Jean-Antoine Giacomi, qui précise pour sa part avoir quitté le RN à cause de son « parisianisme ». Son père était candidat du FN en 2017. Lui se présente comme un « souverainiste, pour la Corse et les Corses»… Il dénonce le « carcan mondialiste » dans lequel se seraient enfermés les élus nationalistes insulaires. 

A 24 ans, Jean-Antoine Giacomi s’avère le plus jeune candidat en lice pour ces élections Territoriales.

Les Communistes toujours en lice, pas les Radicaux ni les Socialistes…

Dans ce qui était la gauche corse jusqu’à ces dernières années, seul le Parti Communiste reste en lice, après la disparition des listes de Socialistes et de Radicaux. La LFI (La France Insoumise) n’apparaît pas elle non plus. Une violente polémique avait opposé Jean-Luc Mélenchon, en 2017, au représentant local du PCF qui avait fondé une liste commune avec des militants LFI. Cette année, la liste conduite par Michel Stefani (PCF), et qui a pour nom « Campà megliu in Corsica », se présente seule. 

A Manca Alternativa de Jacques Casamarta a décidé de ne pas participer aux élections, ni sous sa propre bannière, ni alliée à un autre mouvement. Le PCF, qui n’est plus présent à l’Assemblée de Corse depuis les dernières Territoriales, espère trouver un nouveau souffle, mais le contexte local ne lui est pas favorable. Pourtant la paupérisation galopante, sur fond de Covid et de crise économique, fait écho à son discours et son programme.

Ecologia Sulidaria : de gauche et autonomista

Nouvelle venue quant à elle sur la scène politique corse, la coalition Ecologia Sulidaria regroupe quatre formations, EELV,Génération S, Nouvelle donne et Génération Ecologie. Clairement revendiquée comme à gauche, la coalition a annoncé qu’elle pourrait faire alliance avec les Nationalistes au second tour. Le courant écologiste en Corse est de fait historiquement né dans cette mouvance et a des liens très forts avec elle. La porte-parole de la coalition, Leslie Pellegri, a publiquement évoqué ses convergences avec Femu a Corsica et son adhésion à la revendication d’un statut d’autonomie.

Une seule femme …

La liste écologiste est la seule qui sera menée par une femme, un choix annoncé avant même que la coalition ait précisément formalisé sa participation. La tête d’affiche était initialement annoncée comme étant Leslie Pellegri, secrétaire régionale d’EELV, mais c’est Agnès Simonpietri  qui a finalement été investie. Les responsables des quatre formations qui composent cette coalition écologiste de gauche sont de fait toutes des femmes. 

Un profil qui tranche avec celui des autres mouvements politiques insulaires, tous représentés par des hommes pour ces élections 2021. Valérie Bozzi, qui avait conduit une liste (de droite) en 2017, et était la seule femme cette année-là en lice, est aujourd’hui présente sur la liste de Laurent Marcangeli.

Un « front républicain » ?

A y regarder de près, c’est la liste menée par le maire d’Aiacciu qui semble la seule susceptible de faire bouger les lignes et de modifier de façon significative le paysage politique insulaire en juin 21 : elle pourrait donner en effet à la droite réunifiée un nouvel élan. Pourrait-il être assez puissant pour endiguer l’essor nationaliste, qui se poursuit inexorablement depuis des années ? C’est peu probable, mais les divisions de cette mouvance pourraient offrir de fait à la droite un créneau plus important pour opérer sa résurgence et imposer Laurent Marcangeli comme le leadership d’un «front républicain», comme est appelé, de façon au demeurant contestable, le camp opposé au mouvement nationaliste. Certaines forces politiques de gauche qui ont longtemps constitué une partie importante de ce champ ont aujourd’hui disparu ou sont trop marginalisées pour disputer au maire d’Aiacciu le premier rôle dans la confrontation. En dehors de lui, c’est Jean-Charles Orsucci, sous les couleurs de « La République en Marche », qui s’impose aujourd’hui comme l’autre chef de file de ce  camp. 

Un « Mercato » et des surprises ?

Fait très symbolique, concernant les noms des listes en présence : elles sont toutes en langue corse, en dehors de celle de Jean-Charles Orsucci, « La corse terre de progrès », et du RN : « Les nôtres avant les autres » ! Pour l’instant, les membres de la plupart d’entre elles ne sont pas dévoilés. L’heure est encore au … « Mercato » – comme certains appellent les sollicitations pressantes faites à des personnalités par des responsables politiques, pour les amener à les rejoindre. Les noms de transfuges de certains mouvements qui seront présents sur de grandes listes réserveraient des surprises…

L'Autori

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