« The gun, the ship and the pen« : c’est le titre explosif de l’ouvrage publié en mars 2021 par Linda Colley, une historienne d’origine britannique enseignante à l’Université de Princeton, aux Etats-Unis. Sa dernière publication, qui consacre un chapitre entier à la Corse, a été saluée par des chercheurs émérites, dans des articles parus dans la presse anglo-saxonne.
La célèbre universitaire donne une place importante à la Corse, dans le tour d’horizon international qu’elle dresse des luttes du XVIIIe siècle qui ont façonné l’histoire actuelle de nombreux pays du monde, de l’Europe au Continent américain et aux îles des Caraïbes, possessions coloniales des pays occidentaux durant l’époque concernée. Linda Colley met en exergue, dans cette zone, les révolutions trop souvent occultées qui y ont émergé également à l’époque, sous l’égide notamment de Toussaint Louverture, mort en prison en France, comme bien des insurgés corses d’ailleurs, déportés au bagne de Toulon. C’est le révolutionnaire antillais qui est présent sur la couverture de l’ouvrage. Quant à la Corse, elle est évoquée à une place emblématique, au tout début du livre, dans un chapitre de 25 pages. L’auteure y souligne ainsi sa place spécifique dans les luttes du XVIIIe siècle, d’ordre militaire mais aussi politique, à travers l’œuvre de Pascal Paoli, chef de guerre et législateur visionnaire de premier plan, connu alors dans toute l’Europe et en Amérique.
L’ouvrage de Linda Colley est la première publication, extra-européenne et à l’audience internationale, resituant de façon aussi détaillée la Corse et Paoli, au travers d’une approche historique elle aussi inédite, à un double titre. Le premier est sa portée universelle, incluant de façon magistrale l’apport des luttes d’émancipation antillaises – à la fois antiesclavagistes et anticolonialistes, fondatrices d’un combat contre les pouvoirs européens coloniaux, qui connaîtront au XXe siècle un nouvel essor.
Le second point fort de l’approche de l’auteur est la dimension accordée aussi bien au registre militaire que politique et juridique. Sans la guerre, la plume n’aurait pas suffi pour faire bouger les lignes, comme le rappelle le « gun » présent dans le titre de l’ouvrage. Sans la plume, « the pen« , mentionné lui aussi, la guerre non plus n’aurait pas suffi à ancrer la voix des insurgés dans l’histoire. L’auteure n’oublie pas non plus « the ship », symbolisant le départ, l’exil et la déportation, prix à payer pour leur lutte par tant de Révolutionnaires.
Napoléon Bonaparte est bien évidemment lui aussi évoqué dans l’ouvrage, pas directement en tant que Corse toutefois, mais comme ancien révolutionnaire français devenu chef d’Etat de ce pays et fondateur de son Empire. De Pascal Paoli à lui, l’ouvrage donne ainsi à deux Corses – au profil antinomique – une place particulièrement importante dans l’histoire relatée.
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Retrouvez ci-dessous une longue interview en anglais de l’auteure.
Le sous-titrage est disponible une fois la vidéo lancée, en français, et aussi en Corse !